L’APPAREIL DIGESTIF
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3) Les dents - schéma n° 4

On compte trente deux dents définitives et vingt dents caduques de la première dentition. Quel que soit le type de dent (incisive, canine, prémolaire, molaire), la dent se divise en deux parties : une couronne au dessus de la gencive et une racine logée dans la gencive, dans une cavité de l'os maxillaire supérieur ou inférieur; ces deux parties sont séparées par le collet. La dent est constituée de quatre types de tissus : un tissu non minéralisé, la pulpe dentaire et trois tissus minéralisés, l'ivoire, l'émail et le cément.

La pulpe dentaire occupe les cavités de la couronne et de la (ou des) racine(s); elle est formée de tissu conjonctif lâche riche en vaisseaux et en fibres nerveuses sensitives; elle est limitée en périphérie par une couche de cellules d'origine mésenchymateuse, les odontoblastes, qui sécrètent l'ivoire pendant toute la vie. La partie profonde de la pulpe dentaire se continue par le canal radiculaire.

L'ivoire ou dentine est le tissu le plus épais de la dent et cerne la pulpe dentaire de la couronne et de la (ou des) racine(s); peu différent de l'os, il est plus dur car plus riche en sels de calcium, environ 70% de sels de calcium, essentiellement sous forme de cristaux d'hydroxyapatite, et 30% de composés organiques.

L'émail recouvre l'ivoire au niveau de la couronne; c'est la substance la plus dure de l'organisme avec 97% de sels de calcium sous forme de batonnets hexagonaux ou prismes de l'émail (essentiellement de l'hydroxyapatite) et seulement 3% de matière organique; il est sécrété par les adamantoblastes jusquà l'éruption dentaire; ensuite les adamantoblastes se détruisent, l'émail ne peut donc pas être remplacé.

Le cément recouvre l'ivoire de la racine; il est voisin du tissu osseux avec des cémentocytes, des fibres de collagène et de la substance fondamentale calcifiée. Autour du cément, le ligament alvéolodentaire ou périodonte, tissu conjonctif fibreux dense, assure la fixation solide de la dent aux parois de l'alvéole osseuse; c'est une différenciation du périoste de l'os alvéolaire.

Les caries dentaires sont des cavités creusées dans la dent par une déminéralisation de l'émail et de la dentine sous l'action des bactéries ingérées (leur prolifération est stimulée par les aliments sucrés); lorsque l'infection atteint la chambre pulpaire, elle provoque une pulpite, inflammation de la pulpe dentaire qui peut entrainer ou nécessiter la "dévitalisation" de la dent (destruction du tissu pulpaire et obstruction du ou des canaux radiculaires); la gingivite est une inflammation de la gencive; la parodontite est l'atteinte infectieuse du ligament alvéolo-dentaire : la dent devient branlante.

Odontogenèse

La dent a une double origine embryonnaire ectoblastique et mésoblastique :

diapositive n°8 ( fg )et diapositive n°9 ( mg )

l'épithélium buccal (EB), d'origine ectoblastique, s'invagine en un bourgeon dentaire (BD) relié à l'épithélium par la lame dentaire (LD); le bourgeon dentaire est l'organe de l'émail; il se transforme en cloche dentaire (CD) qui va coiffer la papille dentaire (PD) d'origine mésenchymateuse ; au niveau de la lame dentaire, un petit bourgeon latéral représente l'ébauche de la dent définitive (edd); dans la partie inférieure de la diapositive n°8, on note la présence d'os spongieux (OS), futur os maxillaire

diapositive n°10 ( mg ) et diapositive n°11 ( FG )

l'épithélium de la cloche dentaire situé en regard de la papille dentaire (PD) se différencie en une couche de cellules hautes cylindriques, les adamantoblastes (AD), appelés aussi améloblastes, qui vont sécréter l'émail (em); l'émail est le seul tissu dentaire d'origine ectoblastique* ; en périphérie de la papille dentaire s'organise une couche de cellules longues et cylindriques, les odontoblastes (OD) qui vont sécréter l'ivoire (iv).

* la papille dentaire, d'origine mésoblastique donne les trois autres tissus : la pulpe dentaire, l'ivoire et le cément.

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II - Les glandes salivaires

La salive est une sécrétion aqueuse contenant du mucus, des ions minéraux et des enzymes. Elle a un rôle digestif qui est l'humidification et la lubrification des aliments, l'hydrolyse partielle de l'amidon par l'amylase (première enzyme digestive rencontrée par les aliments); elle a aussi un rôle antiseptique grâce au lysozyme, enzyme antibactérienne, notamment vis à vis des caries dentaires.

La salive est produite par trois paires de glandes salivaires principales : les glandes parotides, les glandes sous-maxillaires, les glandes sub-linguales, et par de nombreuses petites glandes salivaires accessoires éparpillées dans la paroi de la cavité buccale : lèvres, langue, palais, joues.

1) Structure générale

Les petites glandes salivaires sont contenues dans le chorion de la muqueuse buccale.

Les glandes salivaires principales sont des organes cernés par une capsule conjonctive fibreuse; de cette capsule partent des cloisons conjonctives qui délimitent des lobules d'où l'aspect anatomique bosselé de ces glandes; l'intérieur des lobules forme le parenchyme salivaire; les cloisons interlobulaires contiennent des canaux excréteurs, des vaisseaux et des nerfs.

Les diapositives 12 et 13 montrent :

diapositive n° 12 ( fg ) un lobule salivaire, central, de forme losangique, entouré d'une lisière orangée de tissu conjonctif; un espace conjonctif en bas et à droite avec un canal excréteur

diapositive n°13 ( fg ) le parenchyme salivaire (PA) et un espace conjonctif coloré en vert dans lequel circulent des canaux excréteurs (ce) et des vaisseaux sanguins bourrés d'hématies rouges.

Le parenchyme salivaire est formé d'acinus et de canaux excréto-sécréteurs - schéma n°5

L'unité sécrétrice des glandes salivaires, quel que soit leur type, est une formation tubulo-acineuse appelée adénomère dont les portions terminales sont les acinus.

On distingue des acinus séreux, muqueux et mixtes :

- l'acinus séreux* est un élément arrondi dont la paroi est constituée de cellules pyramidales, triangulaires en coupe avec un noyau rond ou ovale, un pôle basal basophile car riche en ergastoplasme et un pôle apical rempli de grains de sécrétion acidophiles; ces grains de sécrétion ou grains de zymogène sont formés d'une proenzyme inactive se transformant, lors de l'excrétion hors de la cellule (par exocytose), en amylase salivaire (glycoprotéine) active qui amorce la dégradation chimique des sucres contenus dans la cavité buccale (hydrolyse de l'amidon en maltose); l'acinus séreux sécrète aussi le lysozyme, enzyme bactéricide et une protéine appelée "composant sécrétoire"qui se lie à l' IgA, immunoglobuline sécrétée par les plasmocytes du tissu conjonctif; cette protéine assure le transport de l'IgA dans la cellule séreuse et sa protection contre la digestion enzymatique

- l'acinus muqueux* est plus allongé (arrondi en coupe transversale) et formé de cellules claires au noyau aplati au pôle basal ; sa lumière est bien visible; il sécrète du mucus, la mucine salivaire, glycoprotéine; l'aspect clair des acinus muqueux tient à la faible colorabilité du mucus en technique de coloration courante; il est par contre PAS + (periodic acid Schiff positif) donc coloré en rose vif par ce réactif

- l'acinus mixte* ou séro-muqueux est un acinus muqueux sur lequel se "greffent" des éléments séreux soit sous forme de cellules isolées soit sous forme de croissants, les croissants séreux de Gianuzzi.

* les acinus, quels qu'ils soient, contiennent, entre les cellules glandulaires et la membrane basale, des cellules myo-épithéliales; ces cellules sont larges, ramifiées et possédent des myofilaments (type actine, myosine) dont la contraction pousse le produit de sécrétion vers la lumière de l'acinus.

Les acinus s'ouvrent dans un fin canal, le canal intercalaire qui se poursuit par un canal de plus grand diamètre, le canal strié ou canal de Pflüger bordé par un épithélium cylindrique; ces deux portions canalaires ont des fonctions excrétosécrétrices.

Les diapositives 14,15,16, 17 et 17bis montrent :

diapositive n°14 ( im) deux acinus séreux avec leur noyau arrondi au pôle basal; sur celui de droite coupé sagittalement, on voit bien la forme triangulaire des cellules et la petite lumière centrale; l'aspect feuilleté du pôle basal de certaines cellules est l' "image optique" de l'ergastoplasme particulièrement développé dans les cellules sécrétant des protéïnes

diapositive n°15 ( FG ) des acinus séreux colorés en rouge (as), des acinus muqueux pâles -celui de gauche coupé transversalement a une lumière bien visible (am) - un acinus mixte (asm) formé de cellules muqueuses claires et de deux croissants séreux rouge vif

diapositive n°16 ( FG ) des acinus séreux mal délimités (as), un acinus mixte (asm), trois canaux striés ou canaux excrétosécréteurs (ces), à lumière arrondie en coupe transversale, et un capillaire rempli d'hématies (ca)

diapositive n°17 ( FG ) des acinus séreux brun rouge (as) bien individualisés, un acinus mixte (asm), un canal intercalaire longitudinal (ci), à lumière étroite et épithélium pavimenteux, et un canal strié (ces) à lumière arrondie en coupe transversale et épithélium cylindrique.

diapositive n°17bis ( g = 25000 ) l'ultrastructure d'une partie d'acinus séreux composé de quatre cellules, avec la lumière centrale étroite (Lu), les membranes plasmiques (Mp), les grains de zymogène (ZY) apicaux et le réticulum endoplasmique granulaire (REG) très développé dans les cellules qui sécrètent des protéines.

Les canaux striés se réunissent dans les espaces conjonctifs interlobulaires et font place à des canaux excréteurs purs.

Les diapositives 18 et 19 illustrent :

diapositive n°18 ( mg ) un espace conjonctif interlobulaire avec deux canaux excréteurs (ce) et deux veines remplies d'hématies

diapositive n°19 ( FG ) la paroi de deux portions de canaux excréteurs; elle est bistratifiée, formée de cellules cylindriques au noyau ovalaire et de cellules de remplacement (noyaux ronds situés contre la membrane basale); elle contient des cellules caliciformes au mucus vert pâle.

2) Spécificités des glandes salivaires principales

Les glandes parotides* humaines sont des glandes séreuses pures; elles produisent une salive aqueuse riche en enzymes; leur sécrétion débouche dans la cavité buccale par le canal de Sténon, un par glande, canal collecteur qui résulte de la réunion des canaux excréteurs.

Les oreillons sont une inflammation aigüe des glandes parotides ou parotidite due à une infection par le paramyxovirus.

Les glandes sous-maxillaires sont des glandes salivaires mixtes à prédominance séreuse alors que les glandes sub-linguales sont des glandes mixtes à prédominance muqueuse, excrétant une salive plus épaisse et lubréfiante. Les canaux collecteurs de ces glandes sont respectivement les canaux de Wharton pour les glandes sous-maxillaires et les canaux de Rivinius et Walther pour les glandes sub-linguales.

La sécrétion des glandes salivaires est sous contrôle nerveux neurovégétatif (les fibres parasympathiques provoquent une salive aqueuse riche en enzymes et en ions, alors que les fibres orthosympathiques donnent une salive épaisse riche en mucine) et sous l'influence des centres nerveux supérieurs (rôle des facteurs psychiques : le trac donne "la bouche sèche" alors que l'évocation d'aliments appréciés "met l'eau à la bouche").

L'inflammation chronique des glandes salivaires (ou d'une seule d'entre elles), la sialadénite chronique, provient le plus souvent de l'obstruction des grands canaux salivaires par un ou plusieurs "calculs"; on parle de lithiase salivaire (lithos = pierre); l'élimination de ces calculs peut être spontanée, mais une dissolution médicamenteuse ou une résection chirurgicale sont souvent nécessaires.

 

 

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